Les GAFAM ont gagné, que faire ?

qwant

Petite réflexion personnelle. Je vois partout cette tribune de Tarik Krim. Elle fait causer. Je suis, en grande partie, d’accord avec ce qu’il dit. Les GAFAM sont partout, depuis longtemps. Depuis les administrations jusqu’aux particuliers. Malgré de belles paroles de nos politiques, le libre est bien peu utilisé et les contrats avec les géants américains sont encore très présents (éducation notamment). Malgré des associations qui se bougent (Framasoft pour ne pas la citer, malgré mes divers désaccords avec eux), des projets vraiment bien comme Qwant, Net-C ou encore /e/ dont je vous parle régulièrement, le commun des mortels, les citoyens, sont sur fessebouc et utilisent les services de Google à toutes les sauces. Et les administrations qui envoient des documents via Google Doc. Consternant…

La faute en revient à qui ? Les politiques déjà, qui ont favorisés largement l’adoption des produits américains, à tous les niveaux. Les lobbies sont tellement puissants, difficile de résister… Nos élus ont bradés notre souveraineté numérique, depuis longtemps déjà, et nous ont vendu à Microsoft et Google. Les linuxiens et libristes n’ont pas été écoutés, il ne sortaient pas de HEC ou autre…

Il y avait bien des solutions françaises et/ou libre non ? Mais les projets, la recherche, ça coûte cher, il vaut mieux brader tout cela à des boites étrangères qui récupèrent notre savoir faire. Nos cerveaux partent ailleurs aussi, mieux traité à l’étranger semble-t-il. On se retrouve maintenant sans rien, ou presque. La faute, je pense, à une politique trop libérale, qui cherche l’argent rapidement et n’a pas de vision d’avenir (et c’est pire aujourd’hui avec notre startup-nation…).

Mais le libre est également coupable dans cette affaire. Quand on voit le nombre de distros disponible, à quoi bon ? Oui, le choix c’est bien, mais trop, cela éparpille les ressources et les compétences, et n’aide pas les débutants à choisir. Je pense aussi à la regretté Mandrake, qui aurait put avoir un bel avenir chez nous. Et les « alternatives » libres aux outils proprios. 15 à la douzaine pour certains, avec des interfaces souvent laides, pas intuitives, pas toujours très fonctionnelles et sans innovations… De simples copies, en moins bien, de ce qui existe. Alors pourquoi changer vers du libre, si c’est moins beau, moins pratique, que ça n’apporte rien de plus (à part la difficulté à l’utiliser). Il faut mutualiser, regrouper les compétences, les ressources, pour, enfin, développer de vrais projets crédibles, fonctionnels, innovants et utilisables par tous. Il n’y a que comme cela que nous pourront tenter de lutter contre les GAFAM, et inciter les citoyens à migrer vers des outils qui respectent leur vie privée, leur données. C’est un enjeux très important, et les gens commencent à s’en préoccuper. Il n’y a qu’à voir l’augmentation croissante de l’usage de Qwant par exemple. Cela devient un argument vraiment important, le respect de la vie privée, cela compte de plus en plus pour les gens. Il faut encore de la pédagogie pour leur expliquer, mais cela entre dans les têtes. Et peut devenir un vrai « business model », même si je n’aime pas vraiment ce mot.

Il y a vraiment des choses à faire, qui pourraient vraiment faire avancer les choses dans le bon sens. Mais, il faut accepter de voir ses erreurs, de se remettre en cause et de changer son fonctionnement. Et le libre ne semble pas prêt à cela, d’après ce que j’en vois… Il va dans le mur, sans se poser de questions.

Des projets existent, qui commencent à tirer un peu leur épingle du jeu, comme je le disais au début. Qwant, Net-C et /e/ commencent à se faire connaître, à être utilisé. C’est très bien, même si c’est trop peu. Il faut développer d’autres services, simples à utiliser, avec de belles interfaces et qui innovent. De simples copies ne pourront pas suffire.

Voilà, le constat est là. On est bouffé de tous côtés (et je n’ai pas parlé des BATX, les GAFAM chinois). Alors, on reste comme ça, on accepte, on baisse les bras, on continue pareil ?

Où on décide enfin de vraiment changer les choses, en se mobilisant différemment, en mutualisant, et en créant de vrais « alternatives ». On se déGAFAMise ?

 

17 commentaires sur “Les GAFAM ont gagné, que faire ?

  1. Oui le Libre a une part de responsabilité ; on lui reproche régulièrement de s’éparpiller, de ne pas se regrouper pour atteindre un but commun. Mais ce Libre, qui est-ce ? pas une entité unique mais des associations politisées (dans le bon sens du terme) comme l’April ou la Quadrature et des faiseurs (développeurs, ergonomes, traducteurs) qui donnent quelques années à des projets qui les font triper, très souvent sur leur temps libre.

    Il n’y a pas une tête dirigeante et une grosse force de développement derrière qu’on peut canaliser vers des objectifs communs. Ca s’appellerait une entreprise et les exemples de réussite que tu donnes sont des entreprises à fibre libriste qui puisent dans le vivier des projets libres pour construire une solution packagée qui répond à un besoin précis, sait attirer les utilisateurs (pas seulement ceux convertis à la philosophie du Libre) car la solution fonctionne et elle est visuellement attrayante et conforme aux standards d’ergonomie d’aujourd’hui.

    Le Libre ressemble plus à un souk qu’à un supermarché et c’est cette diversité qui fait sa force. Mais pour dresser des alternatives qui attirent le plus grand nombre, il faut de la structure, une vision et de l’argent pour réaliser le tout. C’est mon avis 🙂

    1. Oui, le libre est un souk. Mais faire sa force, j’ai des doutes… Quand on voit le peu de succès qu’ont les logiciels libres auprès du grand public.
      Il faudrait bien que certains se regroupent pour pouvoir monter de vrais projets. Pourquoi si peu de structure, si peu de vision..? On va dans le mur en continuant comme cela. Chacun son ptit projet dans son coin…
      C’est mon avis, le libre va dans le mur. Aucune remise en question, pas de vision, pas de mutualisation…

  2. La question me semble moins être nationale que structurelle. Le capitalisme français et le positionnement de l’état en plaque tournante fait que ce sont des projets exotiques qui sont aidés, quand ils sont supportés par une famille amie. Au final le gouvernement cherche un interlocuteur unique avec lequel négocier… démocratie basée sur les corps intermédiaires mais aussi, beaucoup, économie de l’influence : l’état veut garder son rôle de plaque tournante et distributeur de licences. Qwant ou Google, c’est pareil, sauf que Google est plus gros. Si l’état pouvait organiser n’importe quel secteur économique pour qu’il n’y ait que 2 ou 3 acteurs, il le ferait.
    L’enjeu ne me semble pas être de savoir si Google est américain, français ou indien, si les outils suivent le copyright ou le copyleft, mais dans la structure centralisée/décentralisée de l’Internet et des services web qu’il supporte. Framasoft propose des outils libres, certes, mais surtout une alternative aux fermes de serveurs plutôt qu’un simple remplacement.
    Il n’y a pas longtemps Free a proposé une nouvelle « box » dans une optique d’accentuation des usages passifs des usagers. Pourtant avec ce type de matériel il aurait été très simple de proposer des services web (plutôt que de la télé). Aujourd’hui il est toujours possible de monter chez soi très rapidement un NAS de type Synology avec des interfaces conviviales et naturelles… mais ça reste difficile d’accès pour le commun des mortels à cause du paramétrage réseau-sécurité nécessaire, et c’est là que les meilleurs innovations me semblent possible. D’autant plus qu’avec un système de location du matériel il est tout à fait possible d’organiser des systèmes partagés de sauvegarde.
    Au sujet du libre… nous sommes tout de même dans une logique de généralisation de Linux. Il est devenu possible à terme que Microsoft propose un Windows 12 ou 13 qui soit en réalité une distribution Linux avec une petite surcouche propriétaire, comme Android ou Chrome. Évidemment cette diffusion du libre qui est de venue très large est encapsulée dans la distribution plus visible de produits propriétaires, il n’empêche que ça fonctionne.

    1. Pas toujours d’accord, mais point de vue intéressant.
      Qwant ou Google, c’est pareil, j’ai un doute quand même. L’état est rongé par les lobbies, et donc ses choix vont vers l’argent et pas l’éthique. C’est du simple capitalisme.
      Framasoft… Plus envie d’en parler.
      Généralisation de Linux ? Au dernières nouvelles, Linux n’était qu’à 2% plus ou moins en poste de travail. C’est là que le bas blesse. Chez monsieur tout le monde, Linux et le libre, c’est lointain et il n’en voit pas les intérêts. Sans compter les outils pas toujours au point côté libre…

      1. Ben Androïd c’est Linux, et beaucoup de monde a Linux, avec une surcouche, certes. Comme sans doute les futures versions de Windows : les gens utiliseront Linux, sans le savoir, mais ça ce n’est pas si important que ça. Et Chrome c’est Chromium avec une surcouche aussi… ça semble être le modèle économique à venir pour un certain nombre d’acteurs du secteur.
        Qwant c’est aussi du travail de lobby, et je ne suis pas du tout convaincu de leur respect des données personnelles dans sa relation à l’état. Alors évidemment l’état nous explique que le souci de l’utilisation des données personnelles par les entreprises privées… ce n’est pas ce que dit notre histoire. Je n’arrive pas à avoir particulièrement confiance en Qwant.

        1. Oui Android c’est du Linux, mais avec une grosse dose de Google dont on ne peut pas se défaire…
          Chrome, pareil.
          Loin d’être vraiment libre et respectueux de l’utilisateur.

          Pour Qwant, je suis peut-être naïf, mais j’ai plutôt confiance en eux. A voir évidemment comment ils évolueront.

        2. Tout à fait d’accord. Qwant critique Google mais fonctionne exactement de la même façon ! D’ici quelques mois/années, on apprendra que Qwant vendait depuis le début les données des utilisateurs et il ne faudra pas être surpris. En attendant, ils gagnent officiellement de l’argent grâce à Bing et donc un GAFAM, ironique non ?

    1. Alors, Framasoft… Je dirais, plutôt non. Je suis en profond désaccord avec eux (et suite à des prises de tête, j’ai décidé de ne plus les soutenir, impossible de discuter avec eux).

      Donc, oui, Framasoft a de bonnes initiatives et fait des choses plutôt bien. Leurs divers services en lignes libres sont une bonne chose. Mais ces services auraient bien besoin d’être amélioré pour que tout le monde puisse les utiliser correctement et facilement. C’est un peu facile de dire, le code est là, si vous voulez, installez-le. Mais qui a les compétences pour faire cela ?

      Quand à rassembler, là, clairement non. Leurs Chatons sont un exemple parfait d’éparpillement façon puzzle des compétences et infrastructures. C’est clairement une grosse erreur. L’inverse du rassemblement, pour eux, ils font du chacun pour soi, chacun dans son coin. Comment parler de rassemblement, franchement ? C’est du grand n’importe quoi et conduit en partie le libre dans le mur. Mais il ne faut pas leur dire, aucune remise en question, ni même discussion possible.

      Voilà, c’est mon avis, mon interprétation des choses.

      1. Je vois que tu n’as pas compris le but de Framasoft ! Leurs divers services en ligne sont des outils open-source qu’ils installent sur leurs serveurs et dont ils fournissent une doc pour que chacun puisse également l’installer chez lui. Ce n’est pas le rôle de Framasoft d’améliorer tous les services qu’il héberge, comment financer cela ??
        Et celui qui n’a pas les compétences peut utiliser les services d’un Chaton. On ne peut pas critiquer le fait que les services les plus utilisés mondialement appartiennent aux GAFAM et critiquer la décentralisation.
        Le rôle d’un Chaton est clairement de rassembler/centraliser mais à une échelle locale/petite.

          1. Pofilo dit que tu n’as pas compris, mais potentiellement il pourrait ne pas avoir compris ton approche puisque finalement tu ne l’expliques pas vraiment.
            Je ne suis pas abonné au fil de ton site. Tu fais référence à un désaccord envers Framasoft que nous serions censés connaître. Je viens de faire une recherche, je n’ai pas trouvé d’article sur ton site où tu expliquerais ton désaccord (j’ai peut-être mal cherché).
            Alors tu dis que tu n’as plus envie d’en parler, évidemment personne ne va te forcer, mais enfin nécessairement nous n’arrivons pas à suivre la réflexion qui t’a mené à cette position puisque tu ne l’exprimes pas, en tous cas ici.
            En ce qui me concerne au moins, ça m’intéresserait d’en savoir plus sur ton approche, parce que je vois bien que c’est moi qui ne la comprends pas. Après je peux imaginer tout un tas de bonnes raisons qui feraient que ça te gave d’expliquer… mais enfin bon, voilà.

          2. Je suis, en général, ouvert à la discussion 😉
            J’ai osé critiquer les Chatons de Framasoft, et parler de mutualisation des moyens. Parce que pour moi, c’est une grosse bêtise totalement inutile ce truc. Ce n’est pas avec des petits auto-entrepreneurs, assos, bénévoles, que l’on va arriver à développer le libre.
            Il faut mutualiser les moyens, les compétences, les infras pour monter de vrais structures, solides et capables de faire un vrai travail pro. Voilà mon point de vue.

  3. Je suis d’accord… Puis, je trouve que l’on peut difficilement blâmer les GAFAM d’étendre et faire du lobbying pour leurs business, ce sont des boites privées, leurs intérêts c’est de dominer le marché.

    Mais effectivement comme tu le suggères aussi, le libre se tir dans les pattes, tout en se bandant les yeux… résultat, beaucoup de « tir ami » mais du coup les gagnants c’est la team d’en face : les GAFAM.

    Puis l’inflexibilité de certains leaders du libre avec pour principe que  » Si t’es pas content, t’a qu’à Forker » fait que le dialogue est souvent impossible.

    On frôle parfois la dictature de la pensée unique et le comportement sectaire XD… Oui, j’exagère mais parfois sérieux on est pas si loin de ça, non ?

    1. Blâmer les GAFAM, non, pas vraiment, mais les « contrôler » un peu, et s’en défaire, se serait bien 😉 D’accord qu’ils fassent du pognon, ils sont là pour ça, mais pas au détriment de toute vie privée… Ils doivent être « maîtrisés » un minimum à ce niveau là.

      Ta vision du libre n’est pas vraiment exagérée, malheureusement… Ce qui fait que les GAFAM se frottent les mains, rien à craindre de ce côté là.

      1. Oui Effectivement, la faute vient du politique qui s’obstine à ne pas légiférer réellement dans le numérique : Abus de position dominante, droits d’auteur*, le dématérialisé, micro-transaction, soutien des solutions logiciels Européennes…

        *Bon la ils ont légiférés mais pas dans le bon sens X(

        Alors que si des grosses structures publiques avaient l’obligation du libre, cela stabiliserait grandement certaines solutions et en plus si on y ajoute l’obligation du structurant, démocratique et d’un processus qualité avec retour d’expérience…

        Bon OK, cela à l’air utopiste au vu de la désorganisation des services publics… mais on en ait pas si loin… je prend l’exemple d’une solution, bon spécialisé et technique mais fonctionnant en partie sur ces principes : lemonldap-ng.

        Quand on voit les références https://lemonldap-ng.org/references

        – Académie d’Aix-Marseille
        – Gendarmerie Nationale
        – Ministère de la Justice
        – Nantes Métropole
        – Orange business

        Comme quoi c’est toujours possible ^^

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