Petite interview de Philippe Borrel

Bonjour Philippe, pourriez-vous commencer par vous présenter un peu s’il vous plaît ? Quel est votre parcours ?

Je suis reporter depuis bientôt 30 ans, diplômé du Centre de Formation des Journalistes à Paris, une école fondée à la Libération par des journalistes proches du Conseil National de la Résistance. Le CFJ est la première école à avoir lancé la formation de JRI, journaliste Reporter d’Images, en remplaçant le stylo par la caméra comme une nouvelle manière de s’exprimer avec des images et des sons au lieu de mots. J’ai ensuite très vite travaillé pour des émissions magazine comme « La marche du siècle » de Jean-Marie Cavada sur France 3 ou encore « 24 heures » produit par Hervé Chabalier et l’agence CAPA pour Canal Plus.

Journaliste de formation, vous êtes maintenant auteur et réalisateur de documentaires (pour des chaînes publiques). Que recherchez-vous à travers cette activité ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Je me considère surtout comme un « passeur », avec toujours cette même motivation de rendre accessible au plus grand nombre des enjeux à priori peu visibles facilement dans les médias.

Vous êtes l’auteur du très bon documentaire « La bataille du libre » ( https://www.labatailledulibre.org/ ), qui décrit de façon très complète et intéressante le domaine du logiciel libre. Pourquoi avoir choisi ce sujet ? Connaissiez-vous déjà un peu ce domaine ?

C’est Tancrède Ramonet, le fondateur de Temps Noir qui m’a proposé de m’intéresser en 2015 grâce à une première rencontre avec Jérémie Zimmermann, membre de la Quadrature du Net, qui a ensuite préféré quitter le projet pour des raisons qui lui appartiennent.

Qu’avez-vous découvert en réalisant ce documentaire et en plongeant dans « la communauté » du logiciel libre à travers le monde ? Vous l’avez côtoyé de l’intérieur, comment la voyez-vous ?

En fait s’il y a une communauté « libriste », elle dépasse largement le cadre du monde informatique, puisque la logique du « Libre » est une alternative à la logique propriétaire privative qui affecte désormais presque tous les champs de l’activité humaine. Elle déborde donc largement au delà du seul milieu des codeurs informatiques. C’est en fait une communauté très hétéroclite, fédérée par un même souci du Commun mis au service de tous.

Après avoir plongé dans le monde du libre, votre regard sur l’informatique a-t-il changé ? Et votre utilisation des outils informatiques a-t-elle évoluée ?

Encore une fois, c’est moins l’outil informatique en lui-même qui m’a intéressé que le « code » en général, numérique ou pas, et donc la logique cachée à l’intérieur de ce code que l’on peut choisir de mettre au service particulier de quelques-uns ou bien du plus grand nombre lorsque le code est libre, c’est à dire accessible, copiable, modifiable et même améliorable par tous.

Comment s’est passé l’après tournage ? Une fois que le documentaire a été diffusé à la télévision notamment, puis dans diverses salles en France. Les retours étaient-il positifs ? Y a-t-il eu des critiques, des déceptions ?

Le film existe dans deux versions : la première s’intitule « Internet ou la révolution du partage » (55mn) qui a été diffusée sur Arte début mai dernier puis en VOD jusqu’à début août. Et « La bataille du Libre » (87mn) la version longue cinéma du film, qui est destinée uniquement aux projections-débats. Nous venons d’ailleurs de dépasser cet été le cap des 50 projections en France, en Suisse et en Belgique. Et nous cherchons maintenant à élargir au monde anglo-saxon grâce au financement participatif d’une version internationale en anglais sur le site en ligne HelloAsso.

Il y a une campagne de crowdfunding qui a été lancée il y a peu pour internationaliser votre documentaire ( https://www.helloasso.com/associations/ploss-auvergne-rhone-alpes/collectes/contribuons-a-la-bataille-du-libre/ ). C’est une bonne chose, la preuve que votre documentaire plaît. Une bonne reconnaissance de votre travail je suppose ?

Encore une fois, je ne suis qu’un passeur et le film pourra continuer à vivre en touchant un public de plus en plus large, grâce au soutien de celles et ceux qui l’ont déjà vu et apprécié. C’est le partage par un bouche à oreilles en réseau qui est le moteur du succès du film !

Et maintenant, quelle est votre actualité ? D’autres projets en préparation, dans d’autres domaines ? Que souhaiteriez-vous faire ?

Nous travaillons avec Temps noir et Noël Mamère à une histoire de l’écologie politique. Et d’autres projets de films sont en discussion avec Cinétévé qui a produit cinq de mes précédents films, mais par superstition je préfère m’abstenir d’en parler précisément tant qu’ils ne seront pas signés officiellement avec une chaîne de télévision ! Je peux juste dire qu’il sera question de « progrès » technologique et de démocratie…

Merci beaucoup Philippe, et très bonne continuation à vous.