Profil de libriste : Hervé.

> Bonjour, tout d’abord, présentez-vous un peu.
Hervé, je suis le fondateur du site cLibre.Eu

> Comment avez-vous découvert les logiciels libres ? C’était il y a longtemps ?
Oui je ne me souviens plus quand et comment, mais il faut savoir que je suis entre autres un activiste dans de nombreuses associations depuis que je suis ado. J’utilisais donc des logiciels propriétaires mais cela me dérangeait.
Il fallait juste que je prenne le temps d’expérimenter autre chose. J’ai donc commencer à changer un par un les logiciels propriétaires que j’avais sur mon poste, par des équivalents en libre.
Puis j’ai basculé sous Ubuntu il y a quelques années. Le passage s’est fait en douceur et en un week end, j’étais à nouveau opérationnel sur 95% de mes usages les plus courants.

> Qu’est-ce qui vous a plus et qui vous a donné envie de vous impliquer ?
Du fait de mes activités militantes, nous étions amenés à échanger des fichiers (notamment texte). C’était souvent la galère, suivant le système d’exploitation (windows, macOS), les différents logiciels et même les versions entre eux n’assuraient pas une bonne compatibilité. Il fallait donc mettre en place des règles minimum pour bien communiquer. Cela prenait du temps et de l’énergie.

> Comment vous est venu l’idée de ce nouvel annuaire du libre ?
A force de répéter toujours la même chose, il devient intéressant de le formaliser. C’était donc au début quelques logiciels que je recommandais oralement, puis j’ai fais une liste. Naturellement j’ai ensuite eu envie de la partager en minimisant les efforts. Un site web est le plus approprié. Je connaissais et utilisais l’annuaire de Framasoft mais je trouvais qu’il regroupait trop de logiciels, cela nécessitait de tester un certain nombre de logiciels (plus ou moins ergonomique …). Ce que je pouvais faire, je ne suis pas sûr que ma grand mère allait le faire. Après en avoir discuté avec Pierre-Yves de Framasoft pour se différencier un maximum de leur annuaire, j’ai mis en place une première version. Le périmètre est bien borné. Ils s’agit de recenser les outils du libre (qui dépassent maintenant les seuls logiciels) les meilleurs (2 ou 3 pour chaque catégorie) avec un certain nombre de critères. La liste complète est sur la page d’accueil du site www.clibre.eu. On aboutit à une liste restreinte de logiciels (quelques dizaines) pour les usages les plus courants (bureautique, internet, images …) ayant une aide ou communauté active et francophone ….
Aujourd’hui, tous les logiciels présentés doivent être multiplateformes. L’idée est de faciliter la migration vers des systèmes GNU/Linux. On ne recense pas les logiciels libres uniquement sous Windows ou macOs.

> Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Créer sa liste de logiciels libres c’est facile, la maintenir et la faire évoluer est très difficile car cela nécessite de mettre en place des processus « d’auto-régénération ». Il faut permettre la participation pour proposer de nouveaux logiciels, commenter, modifier et évaluer ceux recensés. La difficulté sera peut-être de créer une communauté avec une orientation délibérément très grand public . Notre campagne de financement participatif nous permettra de mettre en place dans le 2nd semestre 2014 un certain nombre de fonctionnalités pour aller dans ce sens.

> Que pensez-vous de la communauté du logiciel libre, et de son évolution.
Depuis que j’ai commencé à utiliser des logiciels libres fin des années 90, j’ai vu la notoriété du Libre exploser aussi bien dans les logiciels que dans d’autres domaines. Dans les associations autour de moi, quasiment tout le monde connaît (voir utilisent) Firefox, les suites bureautiques libres … C’est formidable même si l’usage butte encore sur la généralisation des logiciels libres sur les postes utilisateurs. La bascule pour abandonner les systèmes Windows ou macOS est encore bien trop faible. C’est là ou nous avons besoin d’ambassadeurs, structures et sites qui font le pont entre les geeks et les usages de ma grand-mère.
J’ai un regret personnel. La campagne de financement participatif que l’on a fait devait initialement promouvoir une vidéo grand public. Il y a une unanimité pour trouver que c’était important, mais il n’y a pas eu de suite. Le monde libre a besoin d’une vidéo fun voir virale pour toucher des catégories de population que l’on n’a pas l’habitude de voir. J’ai trouvé la communauté libriste frileuse vie à vis de ce projet. Pourtant les retombées pour le Libre pourraient être énorme. Peut-être la peur de perdre un peu de sa « pureté » !?

> Le mot de la fin, pour donner envie de rejoindre le mouvement du libre ?
La société humaine est arrivée à un tournant crucial : crise culturelle, écologique, économique, sociale, politique, …
Le mouvement du Libre est une partie de la solution pour la faire évoluer dans le bon sens.
Pour moi rejoindre le Libre c’est aussi créer un pont avec d’autres alternatives pour changer cette société.
C’est aussi un état d’esprit, vers plus de transparence, de collaboration, de partage, bref un monde meilleur.

> Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à cette petite interview.
Pas de quoi et merci encore.
Hervé

 

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